
La Tanzanie devrait bénéficier d'un coup d’accélérateur dans la production d'hydroélectricité et le développement de l'irrigation grâce à une nouvelle étude financée par la Facilité africaine de l'eau (AWF). Ce don de 2 millions d'euros permettra au gouvernement tanzanien de lancer l'étude de pré-faisabilité d'un projet de barrage à usages multiples, d'irrigation et d'hydroélectricité dans Kikonge (Sud-Ouest).
Une approche globale. L'étude couvrira le développement agro-industriel ainsi que la faisabilité d’un système d'irrigation, d’un barrage et de son réservoir, de la centrale hydroélectrique associée et de la ligne de transmission à haute tension. L’étude englobera également d'autres usages tels que l'approvisionnement en eau pour les communautés locales, l'approvisionnement local en électricité par le biais d'une mini centrale hydro-électrique, la pêche, le développement du tourisme et d'autres activités dans la zone du barrage (navigation, transport et exploitation minière).
Une augmentation spectaculaire de la production hydroélectrique. Une fois terminé, le barrage à multiples usages de 300 MW qui devrait résulter de ces études, devrait augmenter de 53% la capacité hydroélectrique du pays. Avec une production annuelle d'hydroélectricité de 1 300 GWh en 2025, le barrage devrait contribuer à résoudre le manque chronique d’électricité en Tanzanie. Les centrales hydroélectriques au fil de l’eau du pays sont très vulnérables aux variations drastiques de la disponibilité de l'eau suite à des chocs climatiques, ainsi qu’aux variations saisonnières. En octobre 2015, la plupart des centrales hydroélectriques, représentant 35% de la capacité totale de production du pays, ont été mises à l’arrêt en raison du faible niveau de l'eau suite à l'absence de pluie pendant une longue période. Avec son réservoir de stockage d'une capacité de 6 milliards de m3, le barrage permettra un approvisionnement stable en énergie tout au long de l'année.
Meilleurs rendements agricoles. Le barrage prévu sur la rivière Ruhuhu permettra également d'améliorer la disponibilité des ressources en eau pour l'irrigation et les activités connexes dans la région. Avec un système projeté d'irrigation de 4 000 ha d'ici 2020 (contre seulement 50 ha de terres irriguées actuellement,), le barrage va stimuler la productivité agricole et fournir des revenus supplémentaires aux agriculteurs et aux populations locales. Dans cette partie sud-ouest de la Tanzanie, à proximité des rives du lac Nyasa, la production agricole est actuellement dominée par des systèmes pluviaux, laissant le potentiel d'irrigation intact. Base de l'économie tanzanienne (27% du PIB national), l’agriculture voit son développement entravé par sa dépendance à l'égard des conditions météorologiques, incertaines et irrégulières. L'irrigation a donc été identifiée comme une priorité pour la Tanzanie, qui a un énorme potentiel dans ce domaine avec ses nombreuses rivières, ses lacs et ses ressources en eau souterraines.
Les impacts du changement climatique. Le projet d'investissement résultant des études de faisabilité permettra également d'améliorer la résilience au changement climatique. La régulation du débit de la rivière Ruhuhu permettra de disposer d'eau tout au long de l'année au lieu de dépendre des apports de la saison des pluies. Elle permettra également de réduire les impacts et les dommages des inondations sur les infrastructures et les activités économiques, avec des effets positifs sur les caractéristiques écologiques des rives du lac Nyassa.
Détails du projet. Le coût total de l’étude de préfaisabilité du projet de barrage à usages multiples de Kikonge, d'irrigation et d'hydroélectricité est estimé à 2,5 millions d'euros. La FAE financera le projet à hauteur de 2 M €, avec des contributions respectives du Fonds de développement d’infrastructures résilientes au climat (CRODF, en anglais) et du gouvernement de 0,3 M € et de 0,2 million. La durée du projet est estimée à 22 mois.